Chers hommes, je vous hais.

30 juillet 2018

Putain, oui c’est horrible de devoir dire ça un jour. Et je le disais encore ce matin quand trois trous de balle nous ont remarqué mon amie et moi dans la ruelle, qu’ils ont arrêté de parler, et qu’ils ont commencé à nous reluquer comme si on était une parade de carnaval. Et puis qu’ils ont bien maté nos culs. Et même qu’ils se sont sûrement dit que « ce soir je vais baiser le gros cul de ma femme, putain ». Ces espèces de mecs dégueulasses. Et il y en a tellement. Trop.

JE SUIS RACISTE ENVERS LES SOUS MERDES SEXISTES.
JE VOUS HAIS PROFONDEMENT.

A la minute même où je suis en train d’écrire ces lignes, je peux vous dire clairement qu’au plus profond de moi je brûle.
Non pas à cause de la canicule. A cause de ces espèces de grosses merdes qui se permettent de frapper des femmes.
Je vous hais.

J’étais tranquillement en train de digérer mon déjeuner, quand je tombe sur une publication de Konbini qui relate un fait d’il y a deux jours. Une jeune femme, vêtue d’une belle robe rouge, les cheveux aux vent, marche dans la rue et se fait siffler/tchiper/reluquer/juger par une espèce de pauvre type qui pense qu’il a le DROIT de manifester une réaction au sujet de son physique. N’acceptant pas ce comportement, elle lui lâche un « ferme ta gueule » (tu sais, celui qui fait du bien, celui qui te démange quand tu es seule la nuit dans une ruelle). Ce qui s’en suit ? Il se lève, lui crie dessus, et la frappe avec une violence incroyable. Toute cette scène se passe dans une rue passante, devant une terrasse REMPLIE. Et puis quoi ? Le mec fait de grands gestes, envoie chier les « spectateurs » qui n’ont rien oser faire, et s’en va, la conscience tranquille.
Je le hais.

Alors je suis sûrement touchée et excédée parce que moi-même j’ai été victime d’un gros fils de pu** il y a 6 ans. Et que 6 ans après, je ne me remets toujours pas du fait qu’il a réussi à mindfucker les gens à qui j’ai clairement expliqué ce qu’il s’est passé là, dans ce parking sous-terrain, quand il a fait de moi « sa chose » pendant des minutes interminables. Et qu’il m’a frappée. Ce même type, après avoir tapé le sprint de sa vie, est probablement en train de se promener dans les rues de Strasbourg ou d’une autre ville. A la recherche d’une nouvelle proie. Je le hais.
Pourquoi ? Parce que la superbe police n’a rien fait. J’ai eu droit à un interrogatoire de 3 heures, avec des clichés de « suspects » datant d’il y a 15 ans, en noir et blanc. Des visages méconnaissables. Un rapport bourré de fautes d’orthographe. Un portrait que j’ai du dessiner moi-même le soir, chez moi, entre deux crises d’angoisse parce que je ne comprenais pas que ça n’avait pas été fait au poste quelques heures plus tôt.

Vous savez, après mon agression, mon propre père ne savait pas comment se comporter. Il pensait que je haïrais les hommes jusqu’à la fin des temps. Et il avait surtout honte d’être un homme. Après mon agression, il a passé TROIS MOIS, jour pour jour, devant le lieu de l’agression, à attendre que ce FDP apparaisse. C’était devant mon ancien boulot. Je sortais 3 fois par jour pour lui ramener un café, les larmes aux yeux. Putain papa, c’est toi qui paye pour ce salaud.
Je le hais. 

Vers une banalisation du sexisme ?

Tant que la police aura ce comportement. Tant que les spectateurs de scènes violentes continueront à être des espèces de trouillards. Tant que les hommes se croiront supérieurs.
On continuera à lire des articles, à voir des posts, à entendre des femmes raconter ce qu’il leur est arrivé. On trouvera ça horrible, et 5 minutes plus tard on pensera au fait qu’on a oublié d’arroser ses fleurs.

Vous savez quoi ? Je trouve que ça commence à ressembler aux attentats.
Premiers attentats :
BOUM. Tout le monde est malheureux, on a peur, on sort plus de chez soi.
Attentats suivants :
« ah oui putain ça craint » et puis on passe à autre chose.
Maintenant :
On voit passer des articles, des flash info sur des attentats, et on trace notre route parce que de toutes façons « c’est comme ça maintenant, on ne fera pas d’enfants pour qu’ils meurent tués par un suicidaire, on ne va plus s’affoler parce que bon ben c’est la vie, ça continuera à taper et voilà ».

Voilà ce qu’il se passe avec la VIOLENCEfaite aux FEMMES.
Merci à Weinstein pour le coup de pub. C’est sympa, y a des gens qui ont capté que c’était vraiment PAS COOLde toucher une femme, la forcer, juger son physique gratuitement. 
Mais du coup on fait quoi là ? On attend un deuxième coup d’état pour commencer à faire bouger les choses ?
Honnêtement, la vidéo que je viens de voir m’a donné envie de vomir.J’ai envie de cracher sur tous les espèces de connards qui mattent tes seins parce que tu portes pas de soutif, qui matent ton cul parce qu’ils trouvent celui de leur meuf dégueu, qui te jugent parce qu’ils pensent qu’ils en ont le droit. JE LES HAIS.

Regardez autour de vous.

Et je parle aussi de mes potes. Et ceux qui liront cet article se reconnaitront.
Reconnaitre la beauté d’une fille dans la rue, lui sourire poliment, la regarder avec admiration parce que « wow, ça fait plaisir de voir de la beauté », ok. C’est humain. Je le fais aussi, homme ou femme d’ailleurs.
Mais baver, reluquer, juger, dire que « ses seins devraient être plus gros », que « dommage la cellulite quand même », que « elle a des jambes d’enfer mais v’là la gueule », que « y a tellement de maquillage qu’on sait pas à quoi elle ressemble le matin au réveil ». Et toi ? T’as vu ta gueule au réveil ? Tu sais que t’as des poils dans le dos ? T’as capté que quand tu parles t’as de la bave qui reste accrochée entre tes deux lèvres ? Tu sais que t’as un bouton qui te pousse sur le nez ?
Mais c’est pas pareil parce que t’es un mec ?

BREF.

C’est sûrement un article comme vous allez en lire plein, comme il en fleurit tous les jours sur internet, dans les journaux, dans les sujets tv. Parce que c’est à la mode ?
Ouai, ça doit être ça. Je dois être une meuf à la mode alors.

#filsdeputeoftheday